
Pratique millénaire d'hygiène et de santé, le jeûne est une sorte de « réinitialisation » du corps. Il a depuis toujours été utilisé soit dans un but thérapeutique, soit dans une démarche spirituelle.
Le jeûne fait enfin parler de lui. Ce n'est pas une nouvelle technique, ni un produit miracle. Ce n'est pas non plus une mode, ou bien alors, cette mode perdure depuis 3 000 ans ! Loin d'être une simple « technique de plus », le jeûne nous permet de renouer avec de vraies valeurs.
Les anciens ont très tôt observé que la digestion, qui induit la mastication, le péristaltisme (motricité intestinale), la transformation chimique des aliments et l'assimilation, est un phénomène qui génère une grande dépense énergétique. En cas de maladie, il est donc urgent d'en faire l'économie. Ajoutons que le jeûne n'est pas une pratique exclusivement humaine. Il est très courant dans le monde animal et souvent lié à une période particulière de la vie et généralement vitale, comme la période de rut, l'hibernation, la migration ou encore le stade larvaire.
Manger sans arrêt, c'est illogique
Plusieurs émissions télévisées ont mis en avant les bienfaits du jeûne. Mais dans beaucoup d'esprits encore, le jeûne est une technique dépassée et inutile voire dangereuse. Prendre des forces par l'alimentation pour lutter contre la maladie est de nos jours encore un dogme. « Mais mange donc ! »... Et ceci, même si l'inappétence du patient traduit clairement un langage naturel du corps.
Si l'on veut bien prendre un peu de recul, on est obligé de constater que, dans toutes les sciences biologiques, de la molécule et de la cellule jusqu'à l'échelle de la planète et même de l'univers, la notion de rythme est omniprésente. A une phase d'action succède une phase de repos, et ainsi de suite : la reproduction de la cellule (mitose... méiose), le rythme cardiaque (je pulse... je me repose), le rythme circadien du jour et de la nuit (activité... sommeil), la croissance du printemps et la fructification de l'automne n'en sont que les exemples les plus frappants.
Nous jeûnons chaque jour sans le savoir
Que faisons-nous tous les matins au moment du petit déjeuner ? Nous « dé-jeûnons » ! Le « dé-jeûner » est donc par définition une rupture du processus de jeûne mis en place pendant la nuit par notre corps.
Nous n'allons pas ici exposer ce qui a demandé au docteur Shelton, l'éminent spécialiste du jeune, une vie entière d'études et d'observations, et au final un livre complet sur le sujet (intitulé « le jeûne »). Il a décrit tous les types de jeune, leurs bienfaits et les observations faites par lui-même ou par des jeûneurs. Si des jeûnes longs de plus de 10 jours demandent une surveillance médicale, cette pratique sur une période courte de 5 jours, 3 jours ou même 36 heures, est beaucoup plus aisée qu'il n'y parait au premier abord.
Pourquoi le jeûne court de 36 heures (et pas 24) ?
Le jeûne est un phénomène très logique, une mise au repos de l'activité digestive avec tous les avantages et les bienfaits qui en découlent. Rappelons quelques éléments du processus en rapport avec le jeûne et la digestion.
1. Sur un plan calorique, le rapport entre les calories dépensées pour digérer et celles obtenues par la digestion des aliments est très faible. Ainsi, pour un grand nombre d'aliments, il faut dépenser 95 calories pour en retirer 100 !
2. Lors de la digestion, l'organisme génère des sous-produits considérés comme des toxines.
3. Toujours pendant la digestion, l'organisme dépense de l'énergie au détriment de sa surveillance immunitaire.
Un jeûne bien conduit permettra donc dans un premier temps de « désacidifier » le terrain, une cause d'inflammation et de déminéralisation de l'organisme, de nettoyer la lumière intestinale, de mettre au repos les organes digestifs et le processus de l'assimilation intestinale.
En stoppant ponctuellement l'activité enzymatique et en suspendant temporairement la réaction de nombreuses chaînes métaboliques, le système repère plus aisément une multitude de mécanismes en déséquilibre et rétablit une cohérence. On en retirera d'autant plus de vitalité que le jeûne a été bien vécu.
C'est alors que la reprise de l'alimentation doit passer par une surveillance de la qualité nutritionnelle afin d'apporter à l'organisme ce qu'il attend avec intérêt : des oligo-éléments et des vitamines richement présents par exemple dans les crudités, les graines germées ou la spiruline.
Mais alors, pourquoi 36 heures et pas 24 ? Quand le matin, on se lève et qu'on prende une collation, on prend un "petit-déjeuner". Un petit DE-JEÛNER - Donc on DE-jeûne. Toutes les nuits on jeûne... (en principe) et le matin on arrête le jeûne en dé-jeûnant... L'idée du 36 heures est de relier le jeûne d'une première nuit à celui de la nuit suivante. On bénéficie ainsi qu'un meilleur effet pour le corps...
Le jeûne fait-il perdre ou prendre du poids ?
Prenons l'exemple d'une personne qui a du mal à prendre du poids, malgré une ration alimentaire quotidienne importante. Des troubles digestifs chroniques, une alternance de constipation et de diarrhée, et un tempérament nerveux viennent renforcer ce déséquilibre métabolique. Un jeûne bien suivi pourrait faire perdre quelques grammes de plus à cette personne. Mais le repos digestif entraînera, lors de la reprise alimentaire, une bien meilleure assimilation des nutriments. Cette personne pourra alors voir son poids augmenter légèrement en même temps qu'elle optimisera son métabolisme du magnésium, un minéral si important pour son tempérament nerveux. La phase de repos et l'eau absorbée pendant cette période auront aussi favorisé l'élimination de certains acides comme l'acide pyruvique, en cause dans le stress.
A l'inverse, prenons une personne qui présente un excès de poids. Lors d'un jeûne court de 36 heures pratiqué régulièrement, elle aura l'impression de ne pas perdre beaucoup chaque fois. Mais son poids diminuera de façon plus utile, par paliers, plutôt que brusquement, ce qui est immanquablement suivi d'une reprise brutale, c'est bien connu !
Comment jeûner ?
Une phase d'apprentissage si besoin
Si vous n'avez jamais jeûné, et que la peur de ne pas manger vous domine, alors il faut faire une approche douce... Dans le cas contraire, vous pouvez directement appliquer la méthode de 36 heures décrite dans le paragraphe ci-dessous.
« Mais si je ne mange pas, je risque de... mourir ! »
Cette peur consciente est parfois bien ancrée dans nos esprits. Elle doit impérativement être levée avant d'entreprendre quoi que ce soit. Si elle ne l'est pas, l'organisme, sollicité par l'intellect, ne pourra pas mettre en œuvre le processus de nettoyage qui devrait avoir lieu. Comment aller au-delà de cette peur ?
La réponse est bien simple et demande juste d'observer le fonctionnement de notre propre corps. Si nous sommes en mesure de « dé-jeûner » chaque matin, nous sommes capables d'allonger cette période de jeûne nocturne. Mais attention, à rebrousse-poil...
Je m'explique : comme exposé dans la paragraphe ci-dessous, choisissez un jour de la semaine pour jeûner : le mardi, le vendredi ou le dimanche, selon ce qui vous arrange. Exemple : si vous choisissez le mardi, le but est de réaliser un jeûne qui relie le jeune nocturne de la nuit du lundi au mardi, au jeûne nocturne de la nuit du mardi au mercredi. Concrètement, on va allonger le jeûne de la nuit du mardi au mercredi à rebrousse-poil. On va commencer non pas par allonger la première nuit en évitant de prendre le petit déjeuner (approche classique),mais par diminuer puis supprimer votre dîner. Bien sûr en ayant soin de boire de l'eau en parallèle. Au fil des semaines, votre corps va prendre l'habitude de ce rendez vous de "pause alimentaire augmentée". Et quand vous n'aurez plus peur de fair cette pause d'un soir, vous augmenterez la période de repos en prenant l'habitude de ne pas prendre de repas le midi non plus. Juste un petit déj le mardi matin.
C'est là que la tisane "jeûne" prend tout son sens, car elle favorise cette sérénité pour le débutant dans cette période de préparation et de prise de cette habitude de faire la pause alimentaire hebdomadaire.
Bien entendu, «faire des réserves» irait à l'encontre de notre logique qui cherche à ce que la digestion soit de plus en plus légère pour que le processus du jeûne s'enclenche le plus vite possible ensuite. Ce mauvais reflex ne ferait qu'allonger la période de digestion du dit repas au détriment de la période de repos qui va suivre. Le petit déj, que vous continuez à prendre de façon temporaire, avant le grand saut, doit être frugal...
36 heures, c'est deux nuit + une journée, une fois par semaine
Choisissez un jour dans la semaine qui vous convient pour jeûner. La veille au soir, faites un repas frugal, évitez les produits lourds à digérer, et évitez de prendre ce repas trop tard en soirée.
Le lendemain matin, au levez, buvez un verre d'eau ou la tisane "jeûne". D'ailleurs, cette tisane peut vous accompagner tout au long de la journée par petites prises. Le but de ce mélande de plantes est d'avoir un effet reposant pour le corps qui réagit, souvent au début, en continuant à faire des sécrétions enzymatiques alors qu'il n'y a rien à digérer... D'autre splantes sont là pour calmer l'éventuelle peur du "j'ai faim, je vais pas tenir..."
Le soir, sauf si vous avez soif, évitez de boire avant d'aller au lit car la fonction rénale a besoin de repos la nuit. Casser son cycle de sommeil pour aller uriner n'est pas profitable au principe récupérateur de la nuit !
Le lendemain matin, faites un petit déjeuner frugal là aussi, et favorisez la prise de quelques compléments laimentaires comme la spiruline ou le lithothamne riches en minéraux, qui lors de cette reprise, seront particulièrement bienvenus au moment du redémarage de l'assimilation intestinale.
Finalement, pourquoi jeûner ?
J'ai pu entendre un grand nombre de témoignages sur les bienfaits du jeûne de 36 heures, à commencer par la sensation de paix intérieure, de sérénité et de bonheur, passé le stade de la peur. Souvent, on me rapporte des améliorations du sommeil et une meilleure forme dans la journée. Les douleurs rhumatismales, surtout celles liées à des inflammations articulaires, sont diminuées. Des améliorations dans les troubles hormonaux et notamment les règles douloureuses ont été constatées par de nombreuses femmes. Enfin et c'est là je pense que les bienfaits sont les plus plaisants, face à une nécessaire réaction immunitaire devant un microbe, alors qu'on voudrait nourrir l'organisme pour qu'il soit plus fort à se défendre, le jeûne apporte la différence dans cette lutte.
Jean-François Astier