Le phénomène de dépendance dépasse largement le cadre de produits comme le tabac, l'alcool et les drogues. Le sucre, le café, mais aussi le travail ou le besoin de se dépenser peuvent conduire à des dépendances aussi graves. Avant de rechercher la solution miracle, naturelle ou non, si nous commencions par comprendre... C'est la meilleure démarche pour réussir !
Le phénomène de la dépendance est aujourd'hui tellement répandu qu'on le rencontre dans presque toutes les sociétés humaines. Dès que l'on aborde ce sujet, viennent à l'esprit des images de personnes sous l'emprise tabagique, de proches qui ont eu à faire avec l'alcool ou d'une connaissance qui ne sait comment se libérer des méfaits de telle ou telle drogue dure. Mais il faut aujourd'hui prendre le problème différemment et explorer, dans un cadre élargi, tous les moyens naturels disponibles pour en venir à bout. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans un rapport rendu public en 2001, a intégré dans la notion de santé mentale toutes les pathologies qui relèvent de la dépendance. Ce rapport est le reflet d'un profond changement dans notre approche du problème. Au point qu'on évite d'utiliser le terme de « dépendance » au profit de celui d' « addiction ». Cette notion permet d'élargir notre champ de vision et d'y inclure ainsi un autre type de dépendances. On les appelle les dépendances «sans substance exogène». Ce sont la dépendance au travail, la dépendance affective, aux jeux, à l'activité physique intense, les conduites d'achats compulsives, la kleptomanie et plus récemment encore la cyberdépendance.
La dépendance : qu'est ce que c'est ?
On pourrait simplifier la notion d'addiction en la définissant comme le comportement d'un individu qui manque de contrôle avec des conséquences négatives sur sa santé physique comme mentale et ses relations avec son environnement. Si des chercheurs ont parlé d'un « excessif appétit » pour une drogue ou une activité, on découvre que d'autres substances exogènes, pourtant quotidiennes, ont rarement été prises en compte dans l'approche de la dépendance : il s'agit du café, du thé, du chocolat, bref de tous les excitants contenant des bases puriques de la famille caféine. Remarquez aussi que ces substances sont des stimulants du cerveau, comme les autres drogues citées plus haut. Or, toutes les recherches convergent vers une même certitude : toutes les drogues agissent dans notre cerveau selon un même principe, au niveau des neurones à dopamine, la molécule du plaisir.
La phytothérapie peut-elle apporter des outils efficaces à qui veut aborder ce travail titanesque ? On serait tenté de répondre non, car même avec les plantes médicinales, une démarche purement symptomatique, donc forcément parcellaire, a longtemps été suivie sans grand succès : valériane et sassafras contre le tabac, principes amers contre l'alcool, passiflore et aubépine devant les troubles du sommeil ou les variations d'humeur.
Dépendance et solutions naturelles
Le sevrage tabagique ou alcoolique est réservé à la médecine conventionnelle. Tous les conseils donnés ci-après viennent donc en complément de votre suivi médical et y sont parfaitement compatibles. En parallèle des solutions de sevrage classiques (patchs, cigarettes électroniques, médicaments etc.), il est important de mettre toutes les chances du bon côté.
Il y a 2 000 ans, Hippocrate nous disait : « Primum non nocere ». D'abord ne pas nuire ! Il était naturopathe avant d'être médecin. C'est ce même discours que rejoignent la plupart des médecines traditionnelles, courants qui ont grandement influencé la phytothérapie occidentale moderne. Parallèlement, durant ces dernières décennies, on a découvert la notion de stress et son approche multifactorielle. On a alors proposé l'usage de nouvelles plantes aux vertus équilibrantes nerveuses et anti-stress, que l'on a rapidement qualifiées d'adaptogènes. La rhodiola, inconnue chez nous il y a peu, en est un exemple étonnant. Sur ces nouvelles bases, la phytothérapie propose de nouvelles solutions. Mais il faut pour cela refuser la lecture « symptôme = mal = solution du mal » et, au contraire, s'attacher à une compréhension du type « mal-être = causes multiples = terrain comportemental = conseils de phytothérapie à intégrer à une approche holistique ». Cela doit amener à privilégier quatre axes thérapeutiques :
1. Relancer les fonctions de base : il est important de commencer par relancer les fonctions physiologiques de base de l'organisme : fonctions digestives, urinaires et respiratoires ainsi que l'équilibre acido-basique. Pour cela, les plantes stimulantes de ces fonctions que l'on dit drainantes ou de soutien seront indiquées. L'activité physique douce joue aussi un rôle important. C'est ce qui permettra au plus vite d'éliminer les toxines qui entretiennent le phénomène d'addiction.
2. Ne pas oublier les compléments nutritionnels. On choisira dans les gammes proposées dans les boutiques de produits naturels des complexes couvrant l'ensemble des besoins journaliers, riches en vitamines, oligo-éléments et antioxydants. Cela permettra d'éviter ou de palier à des subcarences qui nuisent à notre équilibre, notamment nerveux.
3. Consommer des aliments prébiotiques comme les légumes riches en fibres et des ferments lactiques. Cela est utile pour nous fortifier de l'intérieur, mais aussi pour renforcer notre capacité à nous adapter aux conditions de vie qui nous entourent.
4. Employer des plantes qui équilibrent le stress. L'idée étant de favoriser une meilleure adaptation de notre organisme. C'est une qualité que possèdent les plantes adaptogènes. Il en existe des dizaines, voire des centaines, et chacune a sa particularité. A vous de demander conseil auprès d'un herboriste ou d'un naturopathe qui saura vous orienter en fonction de votre terrain.
En complément, on pourra rechercher un effet calmant grâce à d'autres plantes, mais cette démarche ne devrait pas être prioritaire. En effet, le but n'est pas de « s'assommer », même naturellement, mais d'optimiser notre adaptation au stress. Cette notion de gestion du stress est l'élément clé pour le sevrage. Elle peut être complétée par des exercices de relaxation, de méditation, de respiration ou d'activité physique douce et équilibrante comme la marche ou la natation.
Vouloir mettre fin à sa dépendance est un engagement qui, même pris avec le plus grand sérieux, est parsemé d'embûches. Un échec est à tout moment possible. Il faut le considérer comme l'occasion de renforcer sa volonté. L'échec est alors comme une marche un peu plus haute que les autres. Toutes les personnes dépendantes que j'ai pu suivre ont pu me témoigner de la facilité rencontrée lors de la reprise d'un sevrage. Comme si les points marqués par les efforts précédents étaient cumulés pour l'avenir. Quel bonheur d'être libre !
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