
Voici un texte écrit à partir d’un enregistrement fait lors d’un dialogue que j’ai provoqué avec M. Astier à propos du ginkgo et de ses vertus. Bien sûr, M. Astier était au courant que j’enregistrais notre dialogue dans le but de mettre par écrit nos échanges. Bonne lecture…
Nicole : - Jean-François, pourrait-on un instant échanger à propos des gélules de ginkgo que nous passons maintenant en totum ?
Jean-François : - Bien sûr, j’ai été très content de voir que les autorités acceptent que ta société puisse commercialiser du totum de feuille de ginkgo, plutôt qu’un extrait…
Nicole : Je me rappelle avoir plusieurs fois eu des personnes au téléphones me repasser commande de ce produit et me préciser qu’elles avaient constaté de bons effets sur la mémoire.
Jean-François : - Oui, moi aussi. Et pourtant, je n’ai jamais trop été enclin à proposer ce produit en premier ressort dans mes conseils. J’ai toujours préféré parler du bacopa, de l’éleuthérocoque, ou de la gomphréna, selon les circonstances.
Nicole : Je me rappelle que dans mes cours en naturopathie d’il y a déjà quelques années, on nous présentait cet arbre en parlant d’un des plus vieux fossiles vivant, et anecdote amusante, qu’il aurait résisté au bombardement sur Hiroshima.
Jean-François : - L’histoire d’Hiroshima, il paraît que finalement c’est une légende, et que cet arbre en fait n’a jamais existé… Mais à la rigueur, peu importe, car ce qu’on voit par contre aujourd’hui, c’est la résilience de cet arbre face à la pollution. El là, pas besoin d’aller à Hiroshima pour en faire le constat… Beaucoup de ginkgos sont plantés dans des centres ville justement parce qu’ils sont très résistants devant d’importants taux de pollution.
Avec cette précision quand même que ce n’est pas un arbre qu’on plante à la légère : sa durée de vie est de plusieurs centaines d’années, voire peut-être même qu’elle se calcule en milliers d’années. On ne va donc pas planter un ginkgo à un endroit où 20 ans plus tard on décide de refaire le paysage urbain.. C’est pour cela qu’on le voit d’abord dans des parcs, où les allées semblent figées dans le temps, où le calme domine alors qu’on entend tout autour le tohu-bohu de la ville…
Nicole : - Je reviens sur Hiroshima : tu dis que cet arbre n’a jamais existé, tu peux préciser ce que tu sais ?
Jean-François : - J’ai lu, parce que c’est cité dans de nombreux livres qu’un ginkgo a reverdi dès le printemps qui a suivi la bombe d’Hiroshima, et cet arbre avait été au départ totalement calciné par la chaleur émise par la bombe, comme tous les autres végétaux alentours d’ailleurs. Par la suite j’ai aussi ouï dire que ce n’est pas un ginkgo qui a tenu cette prouesse mais un autre arbre… Je n’en sais pas plus, en fait.
Nicole : - On peut de toute façon faire un rapprochement entre la longévité de cet arbre et le fait qu’on le conseille comme anti-aging, comme disent les Américains…
Jean-François : - Oui, encore une fois, la théorie des signatures se révèle sur cet exemple… D’ailleurs, si le ginkgo résiste à la pollution atmosphérique si puissamment, espérons qu’il nous transfère ses vertus quand on fait une cure de sa feuille ! Ce qu’on sait aujourd’hui, c’est qu’il contient un panel intéressant d’antioxydants, donc des principes actifs protecteurs et préventifs du vieillissement, mais j’aurais aimé qu’on mette en évidence un effet dépuratif aussi… Pour moi, le ginkgo n’agit ni sur le foie, ni sur la fonction rénale ni sur le transit…
Nicole : - Pour toi, comment s’explique cet engouement généralisé pour l’extrait au détriment de la feuille traditionnelle ?
Jean-François : - D’abord, parce que la tradition n’a jamais vraiment existé à propos du ginkgo...Cet arbre a été décrit dans les tous premiers textes fondateurs de la médecine chinoise, bien avant l’avènement de Jésus Christ, puis à nouveau au XVIe siècle, mais les remarquables vertus qu’on connaît aujourd’hui n’étaient pas décrites avec autant d’importance.
C’est aujourd’hui une plante majeure au niveau mondial, tant par ses propriétés que ses besoins, et ses capacités de production. En volume, il me semble bien que c’est la plante médicinale la plus cultivée sur la planète… On cultive des surfaces gigantesques où des ginkgos qu’on maintient à la taille d’arbustes, voient leurs branches ratiboisées à la belle saison par des moissonneuses spécifiques. On récupère les feuilles vertes pour en extraire ces fameux ginkgolides, des terpènes qu’on retrouvera dans des médicaments comme le Tanakan en France. Mais il y a aussi d’autres constituants importants : des acides ginkgoliques et des flavonoïdes. Ces derniers sont d’ailleurs les molécules les plus importantes dans les extraits, de l’ordre de 25 %. Le principe d’extraction est complexe et nécessite l’emploi de solvants chimiques, qu’on s’efforce ensuite d’éliminer.
Nicole : - Il y a dans le parc du jardin botanique de Loubières un ginkgo tout jeune, qui offre déjà de belles grappes de feuilles… On dit qu’il faut les récolter à l’automne.
Jean-François : - Les concentrations en principes actifs sont semble t’il plus importantes en mai/juin, mais les variations sont en fait assez faibles, de l’ordre de 10 %, donc je ne vois vraiment pas pourquoi on s’évertue à aller dépouiller les feuilles d’un arbre en pleine saison estivale sous ce prétexte, alors que l’arbre en a pleinement besoin pour respirer ! Effectivement, mieux vaut attendre la fin de l’été, et dès qu’on voit les premières feuilles jaunir, ne pas tarder et ses lancer dans la récolte des feuilles qui sont encore bien vertes. Je trouve l’image amusante : dès les premiers signes de l’automne, il faut prendre du ginkgo...
Nicole : - Que penses-tu de l’extrait versus le totum ? Pourquoi sur le marché, on trouve peu de complément à base de totum de feuille ?
Jean-François : - Ça s’explique tout simplement parce que ce sont d’abord des pharmacologues qui ont compris l’intérêt médicinal majeur de cette plante. Ils ont donc tout de suite raisonné en termes d’extraits et de purification, et la « drogue » si je puis dire, puisque c’est le terme que ces pharmaciens aiment bien utiliser, s’y prêtait particulièrement bien. En plus, la culture à grande échelle était possible, donc on a eu une industrie qui s’est rapidement développée sur ce produit. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui sur le Melaleuca alternifolia, un arbre qui était assez rare en Australie, et qui a été mis en culture. Aujourd’hui l’huile essentielle de Tea tree ou des produits à base de Tea tree sont partout, parce que la production est devenue abondante, le temps que les arbres plantés arrivent à pleine maturité, ce qui est le cas depuis 10 ans environ…
Nicole : - Mais alors, cette feuille de ginkgo, sous forme de totum, ça marche ou ça marche pas ?
Jean-François : - Évidemment que ça marche, puisque c’est en utilisant des procédés naturels de séchage, broyage ou infusion de feuilles que les Anciens Chinois ont mis en évidence ses vertus pour le système circulatoire. Ils avaient déjà repéré ses bienfaits face à l’asthme et sur le fonctionnement cérébral. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui on a prouvé la force de l’extrait que ça enlève les vertus à la forme naturelle. En fait, il faudrait tester les deux dans des conditions cliniques bien définies, mais je ne crois pas que ça ait été fait. Dommage…
Nicole : - Pour toi, à quoi répond cette plante, ou dit différemment à qui s’adresse t-elle ?
Jean-François : - Plus on avance en âge, et plus la plante est à recommander. Et plus on a des soucis circulatoires qui concernent le haut du corps, et plus on doit se tourner vers le ginkgo… Ce qui veut dire concrètement que les troubles de la mémoire ou de la concentration, l’insuffisance de circulation sanguine cérébrale, mais aussi le glaucome, l’insuffisance artérielle périphérique, peuvent être améliorés par le ginkgo. On a des médecins qui l’ont prescrit face à la maladie d’Alzheimer !
La feuille de ginkgo a des vertus qui se portent sur le haut du corps de préférence en retenant que c’est un vasodilatateur, un protecteur des vaisseaux capillaire et un tonique veineux. On peut résumer en disant qu’il permet une meilleure circulation du sang dans le cerveau. Or ce dernier a pour fonction d’apporter de l’oxygène surtout. Et donc au final c’est une plante qui favorise l’oxygénation du cerveau...
Nicole : - Et il y a des restrictions ?
Jean-François : - Oui, évidemment, on le réservera aux adultes d’abord. Ensuite, par précaution, on le déconseille aux femmes enceintes ou allaitantes, mais aussi aux personnes qui prennent des antidépresseurs. Évidemment, pas question de prendre du ginkgo si on prend déjà des anticoagulants, c’est évident. On dit officiellement qu’il faut en parler à son médecin, mais je ne vois pas ce qu’il dira d’autre que c’est contre-indiqué… Ensuite deux cas un peu particuliers : pas de ginkgo chez une personne épileptique, et encore moins il est conseillé de faire une cure de ginkgo si on doit subir une opération chirurgicale… Tout ça c’est du bon sens…
En dehors de ces cas là, le bon sens c’est quand même de se demander si son alimentation est bien adaptée à des troubles circulatoires. Il faut aussi se demander si on n’est pas tombé dans le piège de la sédentarité et d’une overdose de TTP. Avant, y’avait les PTT, et tout allait bien, maintenant y’a le TTP, et rien ne va plus...
Nicole : - Le TTP ?
Jean-François : - Télévision + Téléphone Portable !